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Christian Friedrich Tieck "Die heilige Caecilie" Ein bisher nicht gewürdigtes Hauptwerk der Frühromantik, dessen Entdeckung Stephan Seeliger verdankt wird. Blatt aus der Weimarer Zeit, spätestens 1804 (zur Ausstellung als terminus ante quem siehe unten). Damit gehört das Blatt zu den frühesten visuellen Äußerungen der jungen Bewegung, neben Werken von Caspar David Friedrich und Philipp Otto Runge. Grundsätzlich überrascht nicht, dass sich auch Tieck vom Jenaer Kreis der Frühromantik inspiriert fühlte, obwohl er wegen seines Spätwerkes als lupenreiner Klassizist gilt. Immerhin gehörte sein Bruder zum genannten Kreis. Auch darüber hinaus gehende Verbindungen waren nicht unbekannt; So hatte er zum Andenken an Wilhelm Wackenroder ein Medaillon modelliert. Hier in der Zeichnung geht allerdings nicht alles
"mit rechten Dingen" zu: In einem Rahmen aus ur-romantischen Versatzstücken
-Gotisches Ambiente, fahles Mondlicht (oder Licht der Aureole?) und die unvermeidlichen
Fledermäuse- findet sich eine Heilige, die eher an eine antike Göttin erinnert,
über ihr Flügelwesen von unzweideutig weiblichem Habitus.. Hier scheinen wohl
Schemata des Klassizisten durch. |
Christian
Friedrich Tieck, Sainte Cécile (ou la puissance de la musique) Dessin des années passées à Weimar, au plus tard 1804 (date de son exposition, voir plus loin). Rare témoignage visuel du tout premier romantisme allemand (avec des œuvres de Friedrich et de Runge). Tieck était à l’époque proche du cercle de Jena dont son frère Ludwig, l’écrivain, faisait partie. Christian Friedrich sculptât à la mort de Wilhelm Wackenroder un médaillon commémoratif du défunt. Le dessin, surtout ses protagonistes sont construits selon les règles du néoclassicisme - dont Tieck fut un adepte par sa formation auprès de David et l’Académie des beaux-arts de Paris - et en même temps unis par des éléments-clés du romantisme : la scène se déroule dans un bâtiment gothique, le tout baigné dans la lumière pale de la pleine lune où s’entrevoient quelques chauves-souris (il y a une ambigüité: l'auréole de la sainte, la lune ou bien les deux comme sources de lumière?). À la même époque, en 1801, Tieck s’était présenté au concours pour le prix de Weimar avec une œuvre qui semble directement issue de l’atelier de David. Tieck venait de remporter le prix de la sculpture à Paris en 1800, ex aequo avec Norblin – touts deux classés deuxième à cause de leurs nationalités étrangères – un premier prix aurait donné droit à un séjour à Rome, réservé aux seuls Français. En revanche, il échoue à Weimar, son envoi fut probablement jugé trop français (à la même année 1801 Philipp Otto Runge subi le même sort et en conséquence se retire du petit jeu annuel et néoclassique de Goethe et de Meyer). Ici, dans sa Sainte Cécile, Tieck semble chercher une union entre le classicisme en vogue au cercle de Goethe et le romantisme naissant de Jena : la sainte semble plutôt une déesse à l’antique. Plus étrange encore le groupe d’anges (?). Ces êtres ailés ne cachent pas leur féminité, bien au contraire. Elles aussi sont plutôt des déesses de la Victoire que des anges de tradition chrétienne. Et si ce group avait une signification encore différente et hautement romantique ? Wackenroder décrit dans une partie autobiographique de ses Épanchements d’un moine ami des Arts (le récit du musicien Berglinger) les effets de la puissance musicale « comme si l’âme [sous l’impact de la musique] avait déployé ses ailes …et se levait vers le ciel clair ». On est tenté de rapprocher le dessin du conte homonyme de Heinrich von Kleist, Sainte Cécile ou la puissance de la musique où se trouve la même symbolique «les ames ailées guidées par la belle harmonie musicale vers les cieux». Mais le texte n’apparait que en 1810, bien après le séjour de Tieck à Weimar ; dessin et conte sont donc des expressions indépendantes d’un même esprit romantique. Tieck avait d'ailleurs gagné son pari: Le dessin fut exposé à l'occasion du Salon annuel de Weimar en 1804 et favorablement accueilli par Goethe lui-même. Provenance : Famille du ministre d’état à Weimar, Christian Gottlob von Voigt. Sa belle-fille avait l’habitude de signer ses œuvres littéraires du pseudonyme Cécile. A la suite de son divorce avec le fils Voigt, cette Cécile-écrivain fut mise à l’écart par la bonne société du duché et vite oubliée - et le dessin avec elle. |